Dans le fief landais d’Emmanuelli, Vallaud et le PS tentent de sauver la mise

Crédit AFP – By GEORGES GOBET

C’était il y a encore quelques semaines une circonscription en or pour le candidat socialiste mais le fief landais d’Henri Emmanuelli, décédé en mars, semble désormais lui aussi prêt à céder à l’engouement pour les « marcheurs » d’Emmanuel Macron et à la volonté de rompre avec le passé.

Avec 25,3% au premier tour dans la 3e circonscription des Landes, Boris Vallaud (PS, 41 ans) y est en ballotage assez défavorable face aux 34,1% de Jean-Pierre Steiner (la République en marche, 67 ans).

« Je suis le candidat d’un parti arrivé ici cinquième à la présidentielle (9,9% pour Benoît Hamon, ndlr), et là, je suis deuxième avec un score significatif », souligne pour l’AFP M. Vallaud, ex-secrétaire général adjoint de l’Élysée sous la présidence de François Hollande.

Et il veut croire en ses chances: « A quoi servirait un député En Marche de plus qui haussera les épaules, les bras ballants devant le recul des services publics ? A rien ! », lance-t-il aux plus de 300 personnes venues l’écouter mercredi soir à Saint-Sever. Brandissant « le drapeau de Jaurès, Blum et Emmanuelli », M. Vallaud argue que « le président aura besoin de progressistes qu’il n’a pas dans son camp ».

« Ce n’est pas moderne de prôner un État minimal quand on a besoin d’infirmières et de travailleurs sociaux, ni d’être tous chauffeurs chez Uber sans protection sociale », assène celui qui fut largement désigné par les militants locaux lors d’une primaire après avoir été adoubé par Emmanuelli, qui tenait la circonscription depuis 1978.

Dans cette circonscription rurale durement touchée par la crise aviaire, l’ancien secrétaire général de la préfecture des Landes (2006-2008) dont l’épouse Najat Vallaud-Belkacem, candidate aux législatives également, est aussi largement distancée dans le Rhône, appelle tout simplement à « ne pas prendre le risque d’un député sans expérience, sans réseau ».

Face à lui, l’ex-commissaire de la police financière, Jean-Pierre Steiner, novice en politique dans ce qu’il appelle « le parti du bon sens », affiche un optimisme prudent en vue du second tour. Pour ce conseiller d’entreprises en difficulté, « dire qu’il y aura une majorité sans opposition, c’est ne rien avoir saisi de l’essence du mouvement En Marche qui agrège des gens de gauche, de droite et du centre ».

– Passer à autre chose ? –

A « 100% pour la réforme du code du travail », M. Steiner assure ainsi à l’AFP vouloir « donner de la flexibilité à ceux qui emploient », en ayant toujours « au centre la protection sociale ». Et d’appeler les électeurs landais à « ne pas confondre la fonction de législateur et l’action du département » qu’Henri Emmanuelli a dirigé pendant 35 ans. « C’est de l’histoire ancienne, il faut passer à autre chose », tranche-t-il.

Comme une vingtaine d’autres personnes, Annie, retraitée agricole ayant toujours voté à droite, est venue écouter M. Steiner au foyer de Villeneuve-de-Marsan mercredi soir. Et elle compte bien faire élire son candidat marcheur pour obtenir « une revanche: Emmanuelli on en a soupé, on va enfin faire sortir le PS d’ici ! ». « On sait bien qu’ici, les socialistes ne veulent pas avouer qu’ils votent En Marche, mais ils sont nombreux à le faire », assure Patrick Dupeyron, 54 ans.

Les militants de gauche, eux, sont souvent dans l’incompréhension, à l’instar de Marie-Thérèse Dulamon. « Sans carte PS mais sympathisante de la tête aux pieds », elle a repris, à 78 ans, tractage et porte à porte à Montfort-en-Chalosse. Pour elle, « Henri est mort trop tôt, Boris n’a pas eu la chance d’être présenté par lui partout ».

Dans ce département où le PS soutient la France Insoumise dans la 2e circonscription face à En Marche, Muriel Desbrini veut aussi croire que les abstentionnistes vont se réveiller dimanche pour voler à la rescousse du candidat PS: « beaucoup pensaient que Vallaud serait élu facilement et les gens ne sont pas allés voter, ça peut changer au second tour ». Énarque de la même promotion qu’Emmanuel Macron, « lui, il connaît le système, il a ses entrées à Paris qui serviront aux Landes », pense la jeune femme. Comme, avant lui, Henri Emmanuelli.

Avec AFP

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