Marine Le Pen vivement critiquée pour ses propos sur le Vel d’Hiv

Crédit AFP – By PASCAL POCHARD-CASABIANCA

Marine Le Pen a suscité, à deux semaines du premier tour de la présidentielle, une vive polémique sur un sujet épidermique pour l’image du FN, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, appliquant au Vel d’Hiv un dogme frontiste variable, le « refus de la repentance ».

La candidate FN à la présidentielle s’est attirée une volée de critiques en déclarant dimanche que « la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv », alors qu’elle était interrogée sur la rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.

Emmanuel Macron, son principal adversaire d’après les sondages, y a vu lundi dans un tweet « une faute politique et historique lourde ».

« La vérité, c’est que le Vel d’Hiv a été un crime commis par l’État français », a affirmé le candidat de la droite François Fillon.

Et selon le socialiste Benoît Hamon, « si on doutait que Marine Le Pen est d’extrême droite, on ne peut plus en douter ».

« À celles et ceux qui pensaient que le FN avait changé – la sortie sur le Vel d’Hiv d’hier devrait achever de vous convaincre définitivement », a aussi lancé le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, au lendemain de critiques du Crif ou de l’UEJF.

Une déclaration « contraire à la vérité historique », a aussi « condamné » Israël par la voix d’une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

En retour, Mme Le Pen, qui s’était déjà expliquée la veille par un communiqué, initiative rare, s’est dite lundi « indignée par cette opération d’instrumentalisation politique ».

Elle s’estime « du côté des gaullistes historiques », de « François Mitterrand ou de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignan », face à Jacques Chirac, suivi par Nicolas Sarkozy et François Hollande, et qui a eu « tort » selon elle de changer la position officielle sur la responsabilité de l’Etat français.

Lundi, M. Dupont-Aignan a lui distingué « la France qui a sali la France, celle de Vichy, et la France qui a sauvé l’honneur, face à la collaboration ».

– Le FN demande la repentance pour les harkis –

La polémique intervient au moment où la candidate FN baisse dans les sondages de premier tour, désormais à 23-24%, ex aequo en tête avec Emmanuel Macron.

Mme Le Pen, bien qu’elle ait clairement qualifié « d’ignoble » la rafle ou évoqué les « atrocités commises » pendant la Seconde Guerre mondiale, prête le flanc à la critique sur un sujet sensible, trente ans après les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Les 16 et 17 juillet 1942, quelque 13.000 juifs avaient été arrêtés à leur domicile par des policiers et des gendarmes français, avant d’être rassemblés au Vélodrome d’Hiver pour être ensuite envoyés en camp d’extermination, d’où moins d’une centaine revinrent. Cette rafle avait été demandée par la Gestapo.

Dans le livre « Le Front national de 1972 à nos jours » (2014, Seuil), de l’historienne Valérie Igounet, le vice-président du FN et compagnon de Mme Le Pen Louis Aliot jugeait d’ailleurs que la stratégie de longue date de « dédiabolisation » de la candidate FN « ne porte que sur l’antisémitisme », un « verrou idéologique » qui « empêche les gens de voter pour nous ».

La patronne du FN a pris soin dès 2011 et son accession à la tête du FN de qualifier les chambres à gaz de « summum de la barbarie ».

Avec cette déclaration dimanche, Mme Le Pen a surtout appliqué à la mémoire du Vel d’Hiv le 97e de ses 144 « engagements présidentiels »: « le refus des repentances d’État qui divisent ».

Cette position n’est toutefois pas celle du FN concernant les harkis à la fin de la guerre d’Algérie, dont le parti dénonce régulièrement « l’abandon » par les dirigeants français de l’époque puis les suivants.

En 2012, Mme Le Pen demandait ainsi « excuses » et « réparations » à leur égard. Louis Aliot dénonçait explicitement le « lâche abandon du gouvernement Français ».

Avec AFP

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