Le Pen et Dupont-Aignan scellent leur alliance controversée

Crédit AFP – By GEOFFROY VAN DER HASSELT

Marine Le Pen a scellé samedi son union avec Nicolas Dupont-Aignan, en lui promettant Matignon si elle gagnait la présidentielle, une alliance inédite critiquée par Emmanuel Macron et dénoncée par plusieurs responsables de droite comme « une trahison ».

A huit jours du second tour de l’élection présidentielle, la candidate du Front national a vanté une « grande alliance patriote et républicaine qui incarne la recomposition que le pays attend », lors d’une conférence de presse commune avec le président de Debout La France.

« Présidente de la République, je nommerai Nicolas Dupont-Aignan Premier ministre de la France, appuyé par une majorité présidentielle cohérente », a aussi promis Mme Le Pen au lendemain de l’annonce de son soutien par ce souverainiste.

M. Dupont-Aignan, sixième au premier tour avec 4,70% des voix, a parlé d' »un jour historique » et récusé tout « ralliement » stricto sensu de son parti DLF. Il prendra la parole dès lundi à Villepinte, à l’occasion d’un grand meeting de Mme Le Pen.

L’accord conclu entre les deux comporte six « engagements » avec certains ajustements au programme du FN, notamment sur l’euro pour affirmer que « la transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n’est pas un préalable à toute politique économique ».

Pas d’évolution prévue en revanche sur la « priorité nationale », mesure cardinale pour le parti d’extrême droite.

Cette alliance est un signal envoyé à l’électorat de droite pour Mme Le Pen, dont la formation est souvent considérée comme isolée, mais aussi un tournant dans le parcours de M. Dupont-Aignan, ancien du RPR qui ne cesse d’invoquer le général de Gaulle et qui a sévèrement critiqué, encore ces derniers mois, les « excès » du FN et de son « arrière boutique ».

A Yerres (Essonne), dont le maire est M. Dupont-Aignan, 200 à 250 personnes, selon une source policière, ont protesté contre cette alliance en manifestant devant la mairie. Deux vice-présidents de DLF ont démissionné pour marquer leur désaccord avec ce rapprochement avec le FN.

Outre l’ex-Premier ministre PS Manuel Valls, plusieurs responsables de droite ont crié à « la trahison » du souverainiste, la jugeant notamment contraire à la tradition gaulliste. « Une imposture », a dénoncé le président du Sénat et du comité politique de LR Gérard Larcher.

– ‘Safari ruralité’ –

« Nicolas Dupont-Aignan montre son vrai visage », a déclaré l’ancien président de l’Assemblée et secrétaire général de LR Bernard Accoyer, appelant ses ex-électeurs à rejoindre Les Républicains et ses candidats aux législatives à se retirer.

« J’entends des ténors qualifier mon alliance avec de trahison, alors même qu’ils se sont tous soumis à ! Pitoyables », a tweeté M. Dupont-Aignan.

Favori dans les sondages pour le second tour, M. Macron a épinglé samedi la « combine » de Mme Le Pen avec M. Dupont-Aignan, destinée, selon lui, à régler les « problèmes de crédibilité » de la candidate FN et de « financement » de son allié souverainiste.

Le candidat d’En Marche!, en visite dans une exploitation agricole d’Usseau (Vienne), a aussi affirmé que le projet de sa rivale « rendra plus difficile » le quotidien des agriculteurs notamment par la « fermeture des frontières ». Un déplacement qualifié de « safari ruralité » par le FN.

Le maire de Bordeaux Alain Juppé a de nouveau appelé les électeurs à voter pour l’ancien ministre de l’Économie, « le seul le 7 mai à pouvoir éviter à la France le malheur du FN », sans pour autant leur demander d’adhérer à sa personne et à son programme. Même soutien nuancé de Nicolas Hulot, qui votera « sans hésitation » pour M. Macron mais ne lui signe « en aucun cas un chèque en blanc », dans une tribune au Monde.

Depuis Bruxelles, où il assistait à son dernier sommet européen, François Hollande a estimé que le second tour serait « un choix » pour ou contre l’Europe et accusé le FN de « masquer son projet de sortir » de la zone euro.

Il a également mis en garde contre le « risque majeur » de voir Marine Le Pen accéder à l’Élysée. « Ça ne devrait pas être un sujet de discussion pour les forces républicaines: on prend le bulletin Macron et on considère que c’est le bulletin qui empêche l’extrême droite » d’arriver au pouvoir, a insisté le président sortant.

Désormais hors course, le candidat de la droite François Fillon a pour sa part publié une lettre à ses soutiens pour les « remercier ». « Lorsque la tempête soufflait, vous étiez encore là », a-t-il notamment rappelé.

Avec AFP

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