Des 1er mai souvent très politiques

Crédit AFP/Archives – By JOEL SAGET

Le 1er mai, traditionnellement dévolu aux manifestations syndicales, prend une tournure plus politique cette année à six jours du second tour de l’élection présidentielle qui opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Depuis la décision de la deuxième Internationale socialiste en 1889 d’organiser à date fixe une manifestation des travailleurs, le 1er mai a souvent pris une telle tournure:

– 1936: démonstration de force à deux jours du second tour des élections législatives qui consacreront la victoire du Front populaire.

– 1945: après la Libération, un million de personnes défilent à Paris.

– 1968: à l’aube du mai étudiant, le défilé est à nouveau autorisé à Paris après quatorze ans d’interruption en raison de la guerre d’Algérie. La CGT réunit quelque 100.000 manifestants, certains y voient l’annonce de la grève générale et des défilés étudiants-salariés du 13 mai.

– 1981: entre les deux tours de l’élection présidentielle, les syndicats organisent chacun leur défilé alors que CFDT, FEN et CGT ont appelé à voter François Mitterrand. La CGT réclame « un vrai changement avec des ministres communistes ».

– 1988: forte connotation anti-Front national (FN) des défilés syndicaux entre les deux tours de l’élection présidentielle. Le FN, qui a recueilli 14,4% au premier tour, avance de son côté au 1er mai sa commémoration de la fête de Jeanne d’Arc (en principe le 8 mai) qu’il célébrait depuis 1979 avec les royalistes et traditionalistes. Il rassemble 25 à 30.000 personnes à Paris et perpétue cette manifestation.

C’est en marge d’un défilé FN que le 1er mai 1995, entre les deux tours de l’élection présidentielle, trois skinheads sortis du cortège poussent dans la Seine un Marocain de 29 ans, Brahim Bouarram, qui meurt noyé.

– 1997: pendant la campagne des législatives anticipées, le premier défilé intersyndical depuis 14 ans (23.000 personnes à Paris selon la police, 60.000 selon les organisateurs) fustige le racisme et l’extrême droite. Le FN réunit pour sa part 8 à 22.000 personnes sous le slogan « Dissolution=magouille ».

– 2002: après le choc de la qualification du président du FN Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac, plus de 1,3 million de personnes défilent en France pour « faire barrage à l’extrême droite ». A Paris on dénombre 400.000 (police) à 900.000 (syndicats) manifestants. Dans la matinée, le leader du FN a défilé avec 10.000 à 100.000 sympathisants.

– 2007: quelque 200.000 personnes défilent entre les deux tours de la présidentielle, le double de l’année précédente, avec notamment des slogans conspuant le candidat UMP Nicolas Sarkozy qui a déclaré peu avant: « c’est pas les manifestants qui font le programme électoral des candidats ». En soirée, son adversaire PS Ségolène Royal rassemble 60.000 personnes au stade Charléty.

– 2009: face à la crise, défilé syndical unitaire historique rassemblant 1,2 million de personnes contre la politique gouvernementale. Le PS participe au défilé à Paris pour la première fois depuis sept ans, le NPA (ex-LCR) est très présent.

– 2012: les défilés entre les deux tours réunissent 316.000 (police) à 750.000 personnes (organisateurs) dans toute la France à l’appel de cinq syndicats (48.000 à 250.000 à Paris), sans incidents. Nicolas Sarkozy (UMP), qui joue sa réélection face à François Hollande (PS), revendique 200.000 participants à un grand rassemblement du Trocadéro qu’il proclame la « vraie fête du travail ». Les syndicats crient à la « provocation ». Après le dépôt d’une gerbe sous la statue de Jeanne d’Arc, Marine Le Pen (FN) indique qu’elle votera blanc au second tour.

Avec AFP

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