Avec un groupe parlementaire, La France insoumise face au choix de l’union

Crédit AFP – By Anne-Christine POUJOULAT

En mesure de former un groupe parlementaire, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon va maintenant devoir décider si elle renoue avec une stratégie d’union de la gauche tandis que son ancien partenaire, le Parti communiste, est parvenu dimanche à gagner quelques élus .

Les écologistes effacés de l’Assemblée nationale et le parti socialiste sonné par ses lourdes pertes, les nouveaux députés LFI entendent constituer la principale force d’opposition à Emmanuel Macron.

Leur leader, Jean-Luc Mélenchon, a gagné à Marseille, dans une circonscription très à gauche où il a dû se frotter à une cheffe d’entreprise bien implantée, Corinne Versini, candidate de la République en Marche.

C’est un symbole, mais ce mouvement né il y a à peine un peu plus d’un an va au-delà avec au moins 15 députés élus, seuil nécessaire pour former un groupe parlementaire. Il s’agit d’un résultat certes loin de la majorité qu’escomptait M. Mélenchon au lendemain de la présidentielle, mais meilleur que ce qui était attendu à l’issue du premier tour.

Parmi les élus, tous novices à l’Assemblée nationale, on retrouve quelques-uns de ses lieutenants comme Alexis Corbière qui parvient à remporter Montreuil, où la gauche s’était particulièrement déchirée au premier tour, et Bastien Lachaud, directeur de la campagne des législatives, à Pantin-Aubervilliers.

Des personnalités comme Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis) ou François Ruffin (Somme) viendront enrichir les rangs. De même que de parfaits inconnus comme Caroline Fiat, une aide-soignante qui a battu le Front national en Meurthe-et-Moselle, ou Loïc Prud’homme, militant associatif et syndical en Gironde.

Parallèlement, les communistes ont sauvé les meubles. Ils étaient sept dans la précédente assemblée, alliés avec trois élus Front de gauche et cinq ultramarins afin de former un groupe, et seront finalement… 11 dans la nouvelle. Parmi eux, plusieurs novices mais aussi le très chevronné André Chassaigne dont l’inimitié avec M. Mélenchon est notoire.

Egalement réélue et proche, elle, du leader de LFI, Marie-George Buffet pourra-t-elle apaiser les tensions ?

– « Groupe cohérent, discipliné, offensif » –

Car s’ils ont investi et soutenu certains candidats communs, rien ne dit que LFI et PCF formeront un même groupe tant les rancoeurs sont tenaces entre les deux formations. Si elles s’accordent sur la plupart des sujets et ont défendu la candidature de M. Mélenchon à la présidentielle, elles n’ont pas réussi à s’entendre sur des alliances aux législatives qui auraient pu a priori drainer davantage de sièges.

D’ailleurs, les chefs de file des deux formations se sont bien gardés de citer l’autre dans leurs prises de parole dimanche.

Jean-Luc Mélenchon a certes évoqué la constitution possible d’un « groupe France insoumise cohérent, discipliné, offensif ». Il a néanmoins assuré que « tous ceux qui voudront le rejoindre » seraient « les bienvenus dans un combat où on cherchera toujours à rallier le maximum de ceux qui veulent entrer dans la lutte ».

Un peu plus tard dans la soirée, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent s’est réjoui d’un « résultat en progrès ». Dans un communiqué, le parti a estimé qu’il représenterait une « voix libre et combative » pour « servir les intérêts populaires ».

« Les députés communistes travailleront dès cette semaine à constituer ce groupe et agiront sans attendre en faveur des propositions alternatives qu’ils ont élaborées durant leurs campagnes », ajoute le PCF, sans un mot pour LFI ni son chef.

Au-delà, M. Mélenchon a déploré dimanche soir le taux d’abstention record de plus de 56%, relevant selon lui « d’une forme de grève générale civique » des Français. Il y a vu « une énergie disponible » pour contester la politique que compte mener la République en marche en son écrasante majorité à l’Assemblée.

Car, a-t-il prévenu, en raison de la très importante abstention, « cette majorité boursouflée constituée à l’Assemblée nationale n’a pas à nos yeux la légitimité (…) pour perpétrer le coup d’Etat social qui était en prévision, c’est-à-dire la destruction de tout l’ordre public social par abrogation du code du travail ».

Avec AFP

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