Le Medef soutient Macron, mais ne lui donne pas de blanc-seing

Crédit AFP – By ERIC PIERMONT

Le Medef soutient Emmanuel Macron pour le deuxième tour de la présidentielle mais ne lui donnera pas de « blanc-seing » en cas de victoire, selon son président Pierre Gattaz, qui se dit prêt à faire de la « résistance » si Marine Le Pen est élue.

Dans un entretien à l’AFP, le patron des patrons français s’est dit lundi « rassuré » de voir qu’un des deux candidats qualifiés pour le second tour avait un programme économique allant « dans le bon sens », à ses yeux.

A l’approche du premier tour, le scénario d’un second tour opposant la candidate du FN à celui de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon inquiétait en effet de plus en plus les chefs d’entreprise.

« Nous sommes aujourd’hui derrière le candidat Emmanuel Macron, en tout cas sur le plan économique et social. Il n’y a pas l’ombre d’une hésitation », a déclaré M. Gattaz, qui s’exprimait pour la première fois depuis le scrutin.

Selon le patron du Medef, il y a « clairement un candidat, Marine Le Pen, extrêmement dangereux par son programme économique et social, de sortie de l’euro, de sortie de l’Europe, d’augmentation de la dépense publique et donc des impôts, et de repli sur soi-même ».

En face, le leader d’En Marche! est « un pro-européen », relève M. Gattaz. « Il connaît l’économie, il connaît l’entreprise », insiste le numéro un du Medef, qui avait qualifié avant le premier tour Mme Le Pen, M. Mélenchon et le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon d' »apprentis sorciers de l’économie ».

Ce soutien n’équivaut cependant pas à un « blanc-seing » donné à M. Macron, a souligné M. Gattaz, qui s’était montré critique avant le premier tour sur plusieurs mesures du programme économique de l’ancien locataire de Bercy et affichait une préférence pour le projet du candidat LR François Fillon.

– ‘Résistants du Vercors’ –

« Nous avons bien compris qu’Emmanuel Macron souhaitait travailler avec les forces économiques de ce pays », a expliqué le numéro un du Medef, disant vouloir se positionner en tant que « partenaire » du leader d’En Marche!, si ce dernier est élu.

Mais « nous serons vigilants pour l’accompagner dans le développement économique de la France qui devra être fait par des réformes importantes et rapides », a insisté le responsable patronal, pour qui le prochain président aura entre « six et neuf mois » pour effectuer ces réformes.

Le patron des patrons a une nouvelle fois relevé qu’il restait beaucoup de « flou » dans le programme de M. Macron. « On ne peut pas faire de demi-réformes. Ca fait dix ans que les réformes ne sont pas faites ou mal faites », juge le responsable du Medef, pour qui la France se trouve à « un moment historique ».

Et en cas de victoire de Marine Le Pen ? « Je n’ose pas imaginer ce scénario, qui serait vraiment catastrophique », a lancé le numéro un du Medef.

« Après, nous travaillons pour la France, pour les Français et pour notre pays avant tout. Donc on ne désertera pas, on sera là », a-t-il souligné, ajoutant que les chefs d’entreprise seraient « peut-être comme des résistants du Vercors ».

« On ne baissera pas les bras, mais ce sera de la résistance active pour éviter le pire », a expliqué l’entrepreneur, patron du sous-traitant aéronautique Radiall, qui fournit des groupes tels que Boeing ou Airbus.

Il a en particulier mis en garde contre une sortie de l’euro, qui « entraînerait la sortie de la France de la communauté européenne, et donc un affaiblissement de la France et de l’Europe ».

Or, nous avons « besoin d’une Europe solide face (au président russe Vladimir ) Poutine, face (au président turc Recep Tayyip) Erdogan, face à des incertitudes géopolitiques ».

« Sortir de l’euro et dire +nous avec nos petits bras et nos 65 millions de Français on va s’en sortir tout seul+, ça me paraît totalement déraisonnable », a lancé M. Gattaz, pour qui « le marché français n’est pas suffisamment grand pour toutes les entreprises qui doivent grandir ».

Avec AFP

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