Quelle retraite demain ? Tout dépend du futur président

Crédit AFP/Archives – By JOEL SAGET

Départ à la retraite à 60, 62 ou 65 ans, création d’un régime universel, fin des régimes spéciaux: les candidats à l’Elysée divergent sur l’avenir du système de retraite, qui pourrait faire l’objet de nouvelles réformes.

Où en est le régime des retraites?

Pour la première fois depuis douze ans, la branche retraite du régime général de la Sécurité sociale, qui couvre les salariés du privé, est dans le vert.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit une réduction du déficit du système (tous régimes et Fonds de solidarité vieillesse inclus) à -0,2% du PIB à l’horizon 2020 (soit -4 milliards d’euros environ). A partir du milieu des années 2020, il deviendrait excédentaire.

Cependant, cet équilibre est extrêmement dépendant de la croissance et en cas d’activité faible, « les régimes resteraient de manière persistante en besoin de financement ».

Fin 2016, la France comptait 14 millions de retraités.

Faut-il reculer l’âge de la retraite ?

Aujourd’hui un salarié du privé peut partir à la retraite à 62 ans s’il a cotisé 41,5 ans (une durée progressivement allongée à 43 ans pour la génération 1973).

Voulu par le candidat LR François Fillon, le report de 62 à 65 ans de l’âge minimum de départ à la retraite améliorerait les finances du système à court et moyen termes, mais aurait moins d’effets à long terme, selon le COR: en travaillant plus longtemps, le montant des pensions est plus élevé.

Le report de l’âge soulève une difficulté: s’il augmente le taux d’emploi des seniors, il augmente aussi celui de chômage.

En 2015, le taux d’emploi des 55-64 ans était de 48,7% et chutait à 27,6% pour les 60-64 ans, selon la Dares, tandis que le taux de chômage des seniors (50 ans ou plus) avoisine les 7%.

Quid du retour à 60 ans ?

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Marine Le Pen (FN) promettent de revenir à la retraite à 60 ans et de ramener la durée de cotisation à 40 annuités pour une retraite pleine. L’institut Montaigne, think tank réputé libéral, évalue le coût à 27 milliards d’euros sur cinq ans.

Toutefois, trois facteurs font craindre un risque de « déséquilibre démographique »: l’allongement de l’espérance de vie, donc du temps passé à la retraite, une entrée dans la vie active de plus en plus tardive et un chômage élevé, synonymes de baisse des recettes.

De son côté, Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste, maintient l’âge de départ à 62 ans et prévoit un don de trimestres validés entre conjoints, pour « favoriser la retraite à taux plein du conjoint qui n’a pas suffisamment de trimestres ».

Quant au compte pénibilité, qui permet, sous conditions, une retraite anticipée, M. Fillon entend l' »abroger » et M. Macron le « suspendre » pour une mise en oeuvre « de manière adaptée par branche ».

Et le financement ?

Personne n’entend revenir sur le régime par répartition, où les salariés d’aujourd’hui cotisent pour payer les retraites d’aujourd’hui. Toutefois François Fillon veut le compléter avec une part de capitalisation.

Jean-Luc Mélenchon veut faire contribuer les revenus financiers des entreprises et compte aussi sur l’égalité salariale hommes/femmes, qui entraînera une hausse des cotisations et permettra, selon lui, d’équilibrer le régime.

Un régime universel par points, comment ça marche ?

C’est l’idée d’Emmanuel Macron. Un euro cotisé ouvrira les mêmes droits, « quels que soient votre secteur, votre catégorie ou votre statut », a promis le candidat d’En Marche!.

Inspiré du système suédois, ce dispositif consiste à accumuler des points au fil de sa carrière qui seront convertis en euros, en fonction de l’âge de départ: plus on part tard, plus la pension est élevée, avec une prise en compte de la pénibilité.

La valeur du point sera calculée en fonction de l’espérance de vie et de la croissance au moment du départ en retraite.

Reste la délicate phase de transition, envisagée sur une dizaine d’années, et les interrogations sur son adéquation avec les régimes complémentaires gérés par les partenaires sociaux (les fonctionnaires ne bénéficiant pas de régime complémentaire).

Quel avenir pour les régimes dits spéciaux ?

Le régime des fonctionnaires et les régimes spéciaux (SNCF, RATP, entreprises électriques et gazières, clercs de notaire, marins…) sont régulièrement sur la sellette. Emmanuel Macron comme François Fillon veulent progressivement unifier les différents systèmes.

Depuis 2003, les réformes successives ont déjà largement amorcé l’harmonisation (âge, durée d’assurance, décote, surcote). Reste que pour les fonctionnaires, le calcul est effectué sur les six derniers mois de traitement (sans les primes qui représentent une part substantielle de leur rémunération), contre les 25 meilleures années pour les salariés du privé.

Avec AFP

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